PER : L'indicateur que tout investisseur doit maîtriser pour prendre des décisions éclairées

Lorsque nous sommes confrontés à la sélection d’entreprises pour investir, la majorité des analystes s’accordent à dire qu’il existe un ensemble de ratios fondamentaux qui ne peuvent pas manquer. Parmi eux, le PER se distingue comme l’un des plus consultés, aux côtés du BPA. Mais savons-nous vraiment ce que nous indique ce ratio et comment l’interpréter correctement ? La différence entre une analyse approfondie et une erreur coûteuse réside souvent dans la compréhension approfondie de cette métrique.

Pourquoi le PER est votre allié en bourse

Le ratio PER (Price/Earnings Ratio, ou Ratio Prix/Bénéfice) mesure une relation fondamentale : combien de fois le bénéfice annuel d’une entreprise représente sa capitalisation boursière. En d’autres termes, il indique combien d’années il faudrait pour que les bénéfices actuels (projetés sur 12 mois) “remboursent” la valeur totale de la société en bourse.

Imaginons une entreprise avec un PER de 15. Cela signifie que ses gains présents nécessiteraient 15 ans pour égaler le prix actuel de l’entreprise. Cela a-t-il du sens ? Cela dépend du contexte, comme nous le verrons plus tard.

Ce qui est intéressant, c’est que le PER ne sert pas seulement d’outil comparatif instantané, mais nous permet aussi d’observer la trajectoire de croissance d’une société au fil du temps. Lorsque vous voyez que le PER diminue alors que le prix de l’action augmente, vous assistez à ce que recherchent tous les investisseurs : une entreprise qui génère de plus en plus de bénéfices sans que sa valorisation ne s’emballe de manière démesurée.

Calcul du PER : deux chemins, un même résultat

La beauté du PER réside dans sa simplicité de calcul. Vous avez deux options :

Première option : Divisez la capitalisation boursière totale par le bénéfice net de l’entreprise.

Deuxième option : Divisez le prix de l’action individuelle par le bénéfice par action (BPA).

Les deux formules mènent au même résultat. Les données sont à la portée de tous : elles se trouvent sur des plateformes financières, dans des rapports trimestriels et des analyses professionnelles.

Exemple pratique A

Une société avec une capitalisation de 2 600 millions de dollars génère un bénéfice net de 658 millions. Son PER = 2 600 ÷ 658 = 3,95

Exemple pratique B

Une action cotée à 2,78 dollars avec un BPA de 0,09 dollars. Son PER = 2,78 ÷ 0,09 = 30,9

Observez comment, dans le second cas, le ratio est significativement plus élevé. Cela ne signifie pas automatiquement que c’est une moins bonne option ; cela dépend du secteur et de la phase du cycle économique.

Où trouver le PER : accès rapide à l’information

Sur toute plateforme financière sérieuse, vous trouverez le PER avec d’autres données essentielles : capitalisation boursière, BPA, plage de prix sur 52 semaines, nombre d’actions en circulation. Dans les publications espagnoles, il apparaîtra sous la nomenclature “PER”, tandis que sur les plateformes nord-américaines et britanniques, vous le verrez comme “P/E” (ces deux sigles étant interchangeables).

Interpréter le PER : le contexte est tout

Les manuels traditionnels suggèrent des plages d’interprétation, mais la réalité est plus nuancée :

  • Entre 0 et 10 : Un PER faible paraît attrayant à première vue, mais peut être le signe de problèmes futurs. Les attentes de bénéfices pourraient se contracter.
  • Entre 10 et 17 : La zone de confort de nombreux analystes, où croissance raisonnable et attentes modérées cohabitent.
  • Entre 17 et 25 : Territoire ambigu. Peut indiquer une croissance récente ou le début d’une bulle spéculative.
  • Au-dessus de 25 : Double signal. Optimisme extrême sur les projections futures, ou surévaluation dangereuse.

Mais voici la clé : ces plages ne sont pas des lois immuables.

Les entreprises technologiques ou biotechnologiques opèrent naturellement avec des ratios PER élevés (souvent supérieurs à 100) parce que le marché valorise leur potentiel futur. En revanche, des secteurs comme la banque ou la sidérurgie tournent autour de PER faibles (entre 2 et 8) par nature de leurs modèles économiques.

Prenons un exemple réel :

  • ArcelorMittal (acier) : PER de 2,58
  • Zoom Video (logiciel) : PER de 202,49

Cela signifie-t-il que Zoom est surévalué de 78 fois ? Pas nécessairement. Cela indique simplement qu’ils évoluent dans des univers économiques différents.

Les variantes du PER à connaître

PER de Shiller : vision à long terme

Certains critiques soulignent que le PER classique est trop myope, ne capturant que les bénéfices sur 12 mois. Le PER de Shiller corrige cela en utilisant la moyenne des bénéfices des 10 dernières années, ajustés pour l’inflation. La théorie suggère que ces décennies historiques permettent de projeter avec plus de précision les 20 années à venir.

La formule : Capitalisation boursière ÷ (Bénéfices moyens sur 10 ans ajustés pour l’inflation)

PER normalisé : perspective globale

Cette approche va plus loin. Elle prend la capitalisation, soustrait les actifs liquides, ajoute la dette financière, et divise par le flux de trésorerie disponible plutôt que par le bénéfice net. Ainsi, elle filtre le “bruit” : elle distingue ce qui provient du vrai business versus des opérations ponctuelles (ventes d’actifs, par exemple).

La leçon de Meta et Boeing : mouvements divergents

Observez comment le marché défie parfois ce que suggère le PER :

Meta (Facebook) : Il y a quelques années, alors que son PER diminuait progressivement (signes de bénéfices croissants), le prix de l’action montait. Modèle parfait. Mais depuis fin 2022, l’action a chuté même avec des PER plus faibles. La raison ? La Federal Reserve a augmenté ses taux d’intérêt, impactant les valeurs technologiques indépendamment de leurs fondamentaux.

Boeing : Son PER a fluctué dans des plages relativement stables, et le prix de l’action a suivi des mouvements corrélés. Ici, le comportement était plus prévisible, même s’il n’était pas exempt de volatilité.

Ces histoires montrent que le PER est nécessaire mais insuffisant.

N’investissez jamais uniquement sur la base du PER

La faiblesse critique : le PER est une photographie statique, pas un film du futur. Une entreprise avec un PER faible n’est pas toujours une bonne affaire ; elle pourrait être proche de la faillite, mal gérée, ou en phase récessive.

Les entreprises cycliques (industrie, construction, banque) déforment particulièrement l’analyse du PER. Au sommet du cycle, elles ont un PER faible (bénéfices maximaux) ; au creux, un PER élevé (bénéfices minimaux). Investir dans ces deux phases sans contexte est une erreur.

Complétez avec d’autres ratios

Pour une analyse robuste, combinez le PER avec :

  • BPA : Bénéfice par action (complément direct)
  • Prix/Valeur comptable : Ratio prix-patrimoine
  • ROE : Rentabilité sur fonds propres
  • ROA : Rentabilité sur actifs
  • RoTE : Rentabilité sur fonds propres tangibles

De plus, prenez le temps d’étudier la composition du bénéfice : provient-il de l’exploitation ou de ventes exceptionnelles d’actifs ?

Value Investing et le PER : une relation naturelle

Les stratèges du Value Investing—ceux qui recherchent “de bonnes entreprises à bon prix”—utilisent le PER comme boussole. Il n’est pas surprenant que des fonds de Value comme Horos Value Internacional ou Cobas Internacional opèrent généralement avec un PER nettement inférieur à leurs catégories de référence (7,24 contre 14,55 dans un cas cité).

Avantages concrets du PER

✓ Calcul simple et données accessibles sans expertise technique ✓ Comparaison rapide entre entreprises du même secteur ✓ Fonctionne même pour les entreprises qui ne versent pas de dividendes ✓ Métrique universellement reconnue par investisseurs et analystes

Ses limitations inévitables

✗ Se limite à considérer les bénéfices d’une année pour projeter l’avenir ✗ Inapplicable aux entreprises en pertes (pas de PER en rouge) ✗ Représentation statique, non dynamique ; ne capte pas les changements de gestion ou les tendances émergentes ✗ Particulièrement trompeur pour les entreprises cycliques

Conclusion : utilisez le PER intelligemment

Le PER est un outil indispensable dans l’analyse fondamentale, mais ne doit jamais être la seule boussole. Sa plus grande valeur réside dans son utilisation pour comparer des entreprises du même secteur dans des conditions de marché similaires.

Un investissement basé uniquement sur la recherche du PER le plus bas est une recette pour le désastre. Il existe des entreprises au bord de la faillite qui ont un PER faible précisément parce que personne n’y croit.

Le vrai art consiste à combiner le PER avec d’autres métriques clés, à étudier les fondamentaux de l’entreprise pendant au moins 10-15 minutes (pas en secondes), puis—et seulement alors—prendre une décision éclairée. Ainsi, vous construirez des portefeuilles intéressants et, surtout, rentables à long terme.

EL2.34%
Voir l'original
Cette page peut inclure du contenu de tiers fourni à des fins d'information uniquement. Gate ne garantit ni l'exactitude ni la validité de ces contenus, n’endosse pas les opinions exprimées, et ne fournit aucun conseil financier ou professionnel à travers ces informations. Voir la section Avertissement pour plus de détails.
  • Récompense
  • Commentaire
  • Reposter
  • Partager
Commentaire
0/400
Aucun commentaire
  • Épingler

Trader les cryptos partout et à tout moment
qrCode
Scan pour télécharger Gate app
Communauté
Français (Afrique)
  • 简体中文
  • English
  • Tiếng Việt
  • 繁體中文
  • Español
  • Русский
  • Français (Afrique)
  • Português (Portugal)
  • Bahasa Indonesia
  • 日本語
  • بالعربية
  • Українська
  • Português (Brasil)